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Interview du peintre Louis Claus

                                 par Léon Alexandre Suvarov       2016

 

  • Bonjour Louis,

  •  Bonjour.

 

  • qu’as-tu fait ?

 

L’école d’ébénisterie, ensuite Saint-Luc décoration intérieure, puis la Cambre en mobilier.

En sortant de la Cambre, influencé par le design scandinave, j’ai créé un atelier d’impression de tissus  en sérigraphie. J’y ai fait aussi de la sculpture, de l’impression d’art et de la création de mobilier en architecture d’intérieur. 

Sans le vouloir, suite à un concours d’art et de circonstances je suis devenu prof de dessin et sérigraphie dans deux écoles d’art de Bruxelles durant 13 ans.

Depuis 1985 je re-pratique la peinture.

 

  • Tu peins quoi ?

 

De tout.

Je ne me suis jamais arrêté à un style ou une technique définie.

Dans les années 70 en sérigraphie, c’est la technique du film à découpe et des dégradés qui m’a amené au style abstrait froid. Mes sculptures et les meubles « Post-modernes » des années 80, c’est la même voie qui les dessinait.

 

 

Plus tard, en 1985 j’ai eu une période d’abstrait-gestuel, qui était de la free peinture  spontanée, pareille au free-jazz. Mais cet abstrait a ses limites de clichés et ses trucs «culinaires » clachés - faciles qui rendent la chose finalement un peu lassante.

A présent mon but n’est plus d’aller vers un but, mais de parcourir un chemin, je suis revenu à des choses plus construites demandant réflexion, patience et technique, en fait aller chercher loin le plaisir de créer des choses bien élaborées, venues du fond de moi. La satisfaction de l’œuvre bien faite et juste.

 

J’aime me lancer des défis : des portraits réels ou des visages inventés, des natures mortes, par exemple d’animaux modèles jouets sur fond de paysage improbable (comme des Joconde). Peindre la mer et son horizon. Travailler le bois moulé dans des ombres monochromes, des panneaux aux formes géométriques qui semblent bouger par illusion, parfois pivotant, donnant diverses positions d’accrochage.

En plus simple, j’aime aller au fond des choses pour en revenir rassuré.

- Pourquoi peins-tu ?

 

 Comme l’inutile escalade de montagnes par l’alpiniste, ou la traversée d’océans par le marin solitaire, le plaisir et le seul bénéfice se trouvent dans l’étonnement d’arriver à le faire bien, en allant vers un sommet pour soi et en soi sans penser à l’ego face aux autres.

- L’art c’est ? Pour toi !

 

L’art est un voyage dans l’ignorance de ce que nous sommes, une recherche pour découvrir en soi ce que l’on ignore posséder.

Cette recherche ne concerne que moi, je montre rarement les résultats, car être jugé bon ou mauvais c’est prendre un risque qui ne m’intéresse pas trop. C’est ma façon de méditer en allant vers cette source qui  transforme l’âme. Trouver l’équilibre dans ce vide, qui absorbe toute notre concentration.

 

« N’ayez pas peur des erreurs — Il n’en existe pas .»  Miles Davis

 

Peindre c’est retourner au fond animal ou spirituel que chacun a en soi, comme les animaux qui ont des pratiques instinctives : construire un abri par exemple.

Un dessin n’est jamais mauvais s’il est fait sincèrement. Comme font les enfants.

 

 

« Le problème c’est de rester artiste une fois adulte » P. Picasso.

 

 

J’aime passer des heures dans un état d’étonnement qui s’arrête à un moment précis, où tout est fait ! Reste à faire le vernis final, l’encadrement, et entendre les applaudissements en mon cœur.

 - Quels supports et formats emploies-tu ?

 

Je pratique en général des formats domestiques, envion 60 cm. Mais certains sont de 122 cm.

 

Domestiques? - oui domestiques, comme les animaux, on entre pas facilement un éléphant chez soi. C'est pour mettre dans les habitations, dans un couloir, une cage d'escalier, entre deux fenêtres.  Les grands formats sont attirants parfois rien que pour cela, comme en sculpture. Les grands tableaux demandent de grands murs comme dans les musées.

Cela aussi pour des facilités de manipulation, d’exécution et surtout de stockage.

Dans les années 70 mes sculptures étaient encombrantes.

- Et les encadrements ?

 

Le cadre est un accessoire important qui va rehausser l’œuvre. Il doit être parfaitement choisi, comme la cravate d’un roi ou le chapeau d'un flibustier.

 

Je ne mets pas de cadre à la plupart de mes tableaux, pour des raisons de stockage, d’encombrement, de coût de transport. Dix panneaux de 60x50 cm font un paquet pratique de 10 cm d’épaisseur.

Je considère que le cadre est un plus en option pour l’acheteur qui le souhaite et qu’il devra être en accord avec le lieu ou il sera installé.

 

 

- Les Prix ?

 

L’art doit être vu pour exister !

Il ne prend sa vraie valeur que lors de son achat. S’il est apprécié, sa vie aura du sens ailleurs. C’est très valorisant pour l’artiste et l’encourage à le remplacer en poursuivant son travail de créateur.

Le prix est un troc entre l’auteur et l’acheteur et est souvent pour moi en dessous d’un tarif horaire normal. Car l’offre n’a pas encore dépassé la demande, voilà simplement pourquoi !  Il y a aussi un troisième larron, que je n’ai pas, c'est l’intermédiaire, l’agent ou le galeriste qui intervient pour la promotion.

 

Le mercantilisme et l’égo ne doivent pas faire partie des pensées de l’artiste.

(Il en souffrirait trop et ne pourrait être vrai) !

Bien que certains soient à la fois bon commerçant et aussi artiste.

 

C’et un plaisir de dire bye-bye à une œuvre qui s’en va vivre sa vie pleine d’espoir, sous le regard d’autrui qui ne sera pas baigné de doutes sur la version. « Remplacé - renouvelé ».

J’ai toujours un grand plaisir à voir une de mes œuvres chez des amis ou acheteurs, elle semble avoir mûri, je la regarde comme si quelqu’un d’autre l’avait faite.

 

 

 

 

 

- Et tes expositions ?

 

Dans le passé le Ministère de la Culture faisait souvent appel à moi, j’aimais exposer. Je me suis rendu compte que la course à la notoriété, les petites jalousies entre artistes n’étaient pas dans mes rêves.

J’ai fait des expositions personnelles de temps en temps mais je ne travaille pas vraiment pour cela. Bien que j’aime bien la fête que cela représente pour moi d’accueillir des amis pour partager mon plaisir de créer.

 

 

 

- Merci Louis                                                                                                          

 

 

 

 

 

- Merci Léon    

Louis Claus 4 rue du Katanga 1190 Bxl. - 0478 29 39 43

 

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